Transport alimentaire & Blockchain : Pourquoi ? Comment ?

Avis d'expert

Coline LAURENT, Marketing & Communication Manager, Connecting Food.
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On parle de plus en plus de transparence dans l’alimentaire, et du besoin des consommateurs d’en savoir plus sur les produits qu’ils consomment. La technologie Blockchain est évoquée comme une solution permettant d’apporter cette transparence.  Au-delà de la tendance marketing, en quoi cela consiste concrètement, d’un point de vue de la chaine logistique et du transport de denrées alimentaires ? Quel est le rôle du transporteur dans la traçabilité des filières ?

 

De l’importance du transport dans la traçabilité alimentaire aujourd’hui

 

Pour répondre aux exigences des consommateurs, les filières se mettent en marche

De nombreuses marques essayent d’apporter plus de transparence aux consommateurs, en montrant des visages d’éleveurs ou d’agriculteurs sur leurs packagings, en mettant en scène le parcours d’un produit, ou en dirigeant les consommateurs sur leur site internet, pour raconter une histoire autour du produit.  Tant que cela reste du story-telling, cela reste entre les mains des marques. Mais quand celles-ci décident d’aller plus loin, et d’apporter aux consommateurs les preuves de ce discours marketing, elles ont besoin de collaborer avec toute la filière : producteurs, transformateurs, et distributeurs sont mobilisés. Entre chacun de ces maillons, les étapes de transport ne sont pas à négliger : elles sont parties prenantes de la filière, et sont absolument clef dans le suivi de traçabilité et le respect du cahier des charges d’un produit.

 

Combien de camions entre les champs et l’assiette ?

Aujourd’hui, la plupart des produits transformés contiennent des ingrédients venant des 4 coins du monde : des plus qualitatifs (vanille de Madagascar, cacao d’Equateur, curry d’Inde….) aux plus fonctionnels (protéines de soja d’Argentine, huile de palme du Brésil…), ils sont sélectionnés par les industriels pour leurs qualité ou leurs propriétés (donner du gout, de la consistance ….)

Avec la tendance du manger local, on observe une attention particulière portée à la provenance de ces ingrédients. De plus en plus, quand l’origine n’est pas apporteuse d’un gage de qualité, les marques tentent de trouver un approvisionnement plus local.

Les filières alimentaires françaises dont la traçabilité est assurée par Connecting Food (ndrl : 1ère plateforme de transparence alimentaire en Europe) sont structurées globalement de la même façon : de la production à l’usine de première transformation, les distances sont limitées. Elles se font en camion. Entre la première et la deuxième transformation en revanche, (et toutes les étapes suivantes) les distances s’allongent. En effet, on va plus facilement exporter du lait en poudre, de la farine, ou de la viande découpée mise sous vide, que les matières premières elles-mêmes. Entre le champ et l’assiette, il peut alors y avoir un train, un cargo, ou même un avion. Autant d’intermédiaires qu’il est essentiel d’embarquer dans un projet de transparence alimentaire par blockchain.

 

La Blockchain : une technologie aux nombreux cas d’usages en logistique

La blockchain est une technologie permettant de stocker les données de façon décentralisées, entraimant de ce fait une sécurisation des transactions et une inviolabilité des données. Littéralement, la blockchain est une chaine de blocs, qui est répliquée en autant d’occurrences que de participants au réseau.

  • Les blockchains publiques sont ouvertes à tous : les informations qui y sont enregistrées sont « minées » et accessibles par tous les participants. Elles ont trouvé leur essort avec l’avènement du Bitcoin, dans les années 2010.
  • Les blockchains privées au contraire, sont régies par des règles de consortium, et les informations ne sont partagées qu’entre les membres du consortium. Elles sont plus adaptées au business et nécessitent moins d’énergie (car pas de minage).

Si le cabinet Gartner a estimé que la blockchain appliquée au domaine de la logistique était au sommet du « hype cycle » en 2019  elle reste une technologie de pointe que beaucoup ont du mal à appréhender. Chez Connecting Food, nous sommes convaincus que l’apport d’une technologie ne se mesure qu’à l’aune de ses cas d’usages concrets. Ainsi, en logistique, la blockchain est valorisée car elle permet de :

  • Digitaliser des processus transactionnels entre plusieurs acteurs
  • S’assurer que toute les parties d’un contrat obtiennent la même information au même moment
  • Réduire les fraudes, les erreurs humaines, les délais de transit et d’expédition
  • Accélérer les procédures d’audit et de passage de douanes du transport de marchandises

 

Pourquoi la blockchain et pas simplement « le cloud » ?

L’hébergement de bases de données sur des infrastructures cloud permet déjà aujourd’hui de partager des informations digitalisées entre plusieurs acteurs (ex : dropbox, google drive, etc.), mais pas de les sécuriser comme le fait la blockchain.

En effet, pour ajouter ou modifier des informations dans une blockchain, il faut ajouter un bloc. Il est impossible de modifier les données directement car chaque bloc est scellé.  Chaque nouveau bloc est relié aux anciens blocs de la chaine, et chaque chaîne de bloc est répliquée sur tous les noeuds du réseau. C’est cela qui crée la blockchain.

Attention néanmoins, la blockchain n’est pas la solution à toutes les problématiques de traçabilité : si aucun contrôle métier n’est appliqué aux données, la qualité du produit n’est pas garantie. C’est pour cela que Connecting Food a développé une brique d’audit qualité entièrement digitalisé. Les informations enregistrées sur la blockchain sont comparées au cahier des charges du produit afin de s’assurer que chaque lot est bien conforme à ce qu’il doit être. Si ce n’est pas le cas, des alertes en temps réel sont déclenchées afin d’alerter le destinataire du produit.

 

Dans l’alimentaire plus qu’ailleurs, les transporteurs doivent être réactifs

La plupart des gros groupes agro-alimentaire ont entrepris ou vont entreprendre des projets de transparence alimentaire via blockchain. Parmi nos clients, nous comptons déjà des acteurs de niveau mondial sur des filières aussi importantes que le blé, le lait, les œufs ou la viande de porc. Ils sont distributeurs, marques ou transformateurs ; et ils ont besoin de s’appuyer sur des partenaires agiles pour assurer une traçabilité totale de leurs filières. Cela passe par les transporteurs, qui enregistrent beaucoup d’informations utiles à la traçabilité des produits.

« Pour faire le lien entre les lots de produit bruts, semi-fini et finis, nous avons absolument besoin de savoir comment le transporteur gère ces lots. Les met-il dans un ou plusieurs camions, les entrepose-t-il avant de les livrer, et sous-divise-t-ils les lots lors de la livraison ? » explique Julien Destres, chef de projet senior chez Connecting Food.

Pour collaborer à un projet blockchain, il n’est pas nécessaire d’avoir déjà mis en place une solution blockchain dans son entreprise, ni d’être un expert de cette nouvelle technologie. « La plupart de temp, nos interlocuteurs ne connaissent pas la blockchain, et la découvrent avec nous. Ils sont assez rassurés quand on leur explique que notre plateforme va récupérer les données qu’ils produisent déjà, et qu’il n’y a pas besoin de faire de développement chez eux » rassure Jean-Michel Thomas, directeur technique chez Connecting Food.

Pour suivre le produit à travers toutes les étapes de transformation et jusqu’à la distribution, nous devons récupérer les données qui sont enregistrées tout au long de la chaine, et qui aujourd’hui, ne communiquent pas entre elles. Notre plateforme blockchain s’interface avec les logiciels déjà en place chez les différents acteurs, ou avec les systèmes IOT embarqués, afin de récupérer la donnée dès qu’elle est produite : c’est pour cela qu’on parle de traçabilité en « temps réel ».

 

Comment obtenir les données de traçabilité ?

Aujourd’hui, la réglementation impose déjà aux transporteurs l’enregistrement d’un certain nombre de données, qui doivent être présentées en cas de contrôle d’un auditeur. Ce sont ces données que Connecting Food utilise dans un premier temps. Ensuite, si le client souhaite améliorer ses process, ou bénéficier du module d’audit digital en temps réel que nous proposons, nous pourrons l’accompagner sur la mise en place d’IOT adapté, afin de récolter plus de données, ou de mieux les qualifier. Nous sommes d’ailleurs en contact avec certains fournisseurs via l’association la Ferme Digitale, à laquelle appartient également le fabriquant Exotic Systems.

 

En conclusion, le message que nous souhaitons faire passer aux transporteurs alimentaires est un appel à travailler de concert : nous travaillons déjà avec certains de leurs clients, ou certains clients de leurs clients. Ils peuvent attendre que ces derniers les sollicitent pour prendre part au projet, ou se positionner à l’avant-garde de cette transition vers plus de transparence et porter eux-même un projet de traçabilité en temps réel par blockchain.

L’année 2020 sera celle du déploiement de nos solutions sur un certain nombre de filières, en France comme à l’étranger. Et vous, êtes-vous prêts à embarquer sur la route de la blockchain ?

 


 

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