« Si tu ne connais pas un métier, comment peux-tu savoir qu’il est fait pour toi ? ».
En juillet 2020, My Job Glasses remportait le concours de startups organisé par Agora Managers, en partenariat avec SprintProject. Rencontre avec Emilie Korchia, cofondatrice de My Job Glasses, la startup spécialisée dans les ressources humaines.
60% des jeunes choisissent leur premier emploi par hasard ou par nécessité
L’aventure de My Job Glasses part d’un constat commun entre les deux cofondateurs Frédéric Voyer et Emilie Korchia, alors qu’ils ont tous deux dix ans d’expérience professionnelle : ils sont interpelés par la vision négative de leurs amis sur leur job. Emilie Korchia nous raconte : « Beaucoup de nos amis n’étaient pas heureux dans leurs emplois et regrettaient les choix qu’ils avaient fait dix ans plus tôt sur les bancs de l’école. Cela nous a beaucoup frappé et nous nous sommes demandés d’où venait le problème… »
Frédéric et Emilie constatent rapidement que les jeunes ont une vision très « pauvre » des métiers au moment même où ils doivent faire des choix décisifs pour leur avenir professionnel. Comment choisir une orientation en toute conscience lorsqu’on n’a aucune connaissance de la multitude des métiers qui existent ni même de ceux qui nous correspondraient le plus ?
Forts de ces constats, Emilie et Frédéric se donnent une mission : « Apporter aux jeunes des outils pour les aider à découvrir des métiers et faire des choix par conviction et non par nécessité. Et qui de mieux qu’un professionnel qui fait le métier au quotidien pour l’expliquer et créer des vocations ? »
Les deux associés lancent la plateforme numérique My Job Glasses fin 2015 dans le but d’aider les jeunes dans leurs choix d’orientation en mettant des étudiants de 18 à 25 ans en relation directe avec des professionnels de divers secteurs.
Pour confirmer leur première analyse ils découvrent une étude de la DARES indiquant qu’en France, 46% des jeunes quittent leur premier emploi avant la fin de la première année. Et c’est ce que démontre par ailleurs l’Observatoire du Premier Emploi qu’ils créent pour comprendre les causes de ces départs anticipés, soulignant l’importance de l’enjeux : « En France, 60% des jeunes choisissent leur premier emploi par hasard ou par nécessité. 41% des jeunes de tous niveaux ne savent pas quoi faire en sortant de leurs études. La conséquence de ces choix hasardeux ? On retrouve le chiffre de la DARES avec près d’un départ anticipé sur deux ! ». Si cette première expérience s’apparente à un échec pour les jeunes, les conséquences sont également importantes pour les entreprises : « Ces départs sont un surcoût énorme pour les sociétés qui ont formé un jeune pendant plusieurs mois. » nous explique Emilie Korchia.
Faire connaitre les métiers de la Supply Chain
Et la Supply Chain dans tout ça ? Depuis plusieurs années, le secteur, qui souffre d’une image dégradée (pénibilité, flexibilité du travail, rémunération, troubles musculo-squelettique) peine à recruter des jeunes.
Emilie Korchia nous explique : « Comme pour beaucoup de secteurs, les métiers de Supply Chain sont peu et mal connus. Or, si tu ne connais pas un métier, comment peux-tu savoir qu’il est fait pour toi ? »
C’est notamment pour valoriser les métiers de la Supply Chain auprès des jeunes que l’entreprise française Saint-Gobain travaille depuis 2019 avec My Job Glasses : « Saint-Gobain a mis en avant les métiers de la Supply Chain grâce à l’intervention d’une DG de filiale également Membre du Conseil d’Administration du groupe qui a commencé sa carrière dans les achats. Elle a été mise en avant à l’occasion de notre Webinar “Un métier d’exception !” qui a rassemblé plus de 1000 jeunes en simultané. L’évènement a été un véritable succès et s’est soldé par le recrutement d’un stagiaire en live ! » nous raconte la co-fondatrice.
Avec My Job Glasses, les entreprises ouvrent ainsi un espace d’échange privilégié entre professionnels et étudiants : « Les entreprises sélectionnent parmi leurs collaborateurs des ambassadeurs. Ces professionnels donnent un peu de leur temps pour échanger avec des étudiants. Ces rencontres permettent aux étudiants de rencontrer le professionnel, de découvrir son quotidien et de lui poser des questions. C’est une très bonne manière pour eux de confirmer leur choix d’orientation. Pour les professionnels, c’est également très valorisant de donner du temps à la nouvelle génération et cela permet aussi très souvent de démarrer des processus de recrutement ! Tout le monde est gagnant. »
La Supply Chain, un secteur pour les femmes et les hommes
La problématique se pose également sur le recrutement des femmes dans la Supply Chain. Ce secteur très masculinisé a des difficultés à éloigner les préjugés et faire rêver les jeunes professionnelles. A tel point qu’il est difficile de mettre en avant des femmes à des postes de direction.
« La question des femmes soulève d’autres problématiques. D’une part, elles ont plus tendance à se tourner vers des métiers « de filles » ou des métiers moins ambitieux car elles reproduisent le schéma déjà en place. Notre objectif est de leur ouvrir le champ des possibles en leur montrant qu’elles peuvent tout envisager ! À ce titre, nos actions avec la Marine Nationale sont un très bon exemple de la mise en avant de rôle modèles pour inviter les jeunes filles à se dire que si ça marche par la professionnelle rencontrée, c’est aussi possible pour elles. » nous explique Emilie Korchia.
La Marine Nationale bénéficie des compétences de My Job Glasses pour l’aider dans la féminisation de certains métiers : « Pour recruter des femmes, il faut mettre des femmes qui réussissent en avant. Ces exemples permettent aux jeunes femmes de s’identifier et de se dire que la diversité est possible. La prise de conscience débute à ce moment-là. » Grace à de nombreux témoignages et échanges, My Job Glasses et La Marine Nationale ont mis en avant plus de 300 ambassadeurs et permis de découvrir de nombreux métiers jusque-là très masculinisés (officier mécanicien, plongeur-démineur…).
Face à l’enjeux toujours plus fort de la formation des jeunes professionnels, My Job Glasses qui aidait depuis sa création les jeunes de 18 à 25 ans, a ouvert depuis le 1er janvier 2021 ses services aux 15- 30 ans : « En 2020, nous n’avons jamais eu autant d’échanges entre étudiants et professionnels. Cela montre une vraie dynamique positive qu’il faut encourager. C’est pour cela que nous avons ouvert la plateforme aux jeunes de 15 à 30 ans et développé une communication publique avec JCDecaux pour inciter de nouveaux professionnels à rejoindre My Job Glasses et partager leurs expériences avec les jeunes qui nous suivent.. Nous sommes désormais 52,000 mentors, soit la plus grande communauté d’Europe »
En savoir plus : www.myjobglasses.com
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