À l’heure où la notion de développement durable et de RSE a définitivement pris ses quartiers dans la filière logistique, imprégnant les plans stratégiques des entreprises et leur vision à long terme, la qualité énergétique du bâti prend toute son importance. Régulation de l’éclairage, choix des matériaux de construction, bien-être des occupants du site, consommation d’énergie de la plateforme logistique, gestion de l’eau, intégration du bâtiment dans son environnement, respect de la biodiversité, valorisation des déchets… Les initiatives en faveur d’un verdissement des entrepôts sont légion et validées par diverses certifications : NF HQE, Breeam, Leed… Les principales d’entre elles se basent sur leur propre système d’évaluation et sont le gage d’une construction durable, en phase avec un objectif de réduction de l’empreinte environnementale.
Un enjeu majeur pour la filière
Ces certifications vont intégrer des thématiques communes autour des mêmes critères d’exigence, qui vont crescendo selon le niveau de performance que les entreprises souhaitent atteindre : bon, très bon, excellent, exceptionnel… Des authentifications permettant à ces sociétés de valoriser leur actif immobilier tout en attestant de leur politique en matière de développement durable et en anticipant les réglementations en vigueur. Il ne s’agit pas de « green washing » ni d’une nouvelle tendance aussitôt oubliée, mais bien d’un engagement concret en faveur de la décarbonation. Cet enjeu de durabilité des entrepôts fait partie des sujets majeurs du groupe familial français Log’s, spécialisé dans la vente de solutions logistiques, à travers sa foncière d’aménagement de sites immobiliers SIG. « Le secteur logistique doit participer au verdissement de ses bâtiments car il représente des millions de mètres carrés. Il est donc primordial que nous réalisions notre part pour préserver l’environnement, juge Dominique Chastagnol, directrice immobilier de Log’s. Nous nous sommes tournés vers les certifications Breeam, qui nous semblent complètes. Aujourd’hui, nous atteignons le niveau Very Good et nous visons Excellent sur nos prochains bâtiments », témoigne-t-elle.
Un engagement d’autant plus crucial avec l’entrée en vigueur du Décret tertiaire en octobre 2019, concernant tous les bâtiments existants à usage tertiaire de plus de 1 000 m². En application de l’article 175 de la loi Élan, ce décret impose une réduction des consommations énergétiques des bâtiments de -40 % en 2030, -50 % en 2040 et -60 % en 2050 par rapport à 2010 ou d’atteindre un seuil de consommation d’énergie défini pour chaque typologie de bâtiments. Si les plateformes logistiques ne sont pas les seules concernées par ce décret, elles sont directement impactées par cette mesure. « Nous allons respecter ce décret tertiaire, c’est absolument certain, sans doute en nous aidant d’un cabinet de conseil, commente Dominique Chastagnol. Mais nous savons que nous faisons déjà sur le sujet des efforts importants. Des efforts qui sont également d’ordre financier car il faut être clair, cela impose des investissements, lorsqu’il s’agit par exemple de relamper 50 000 à 60 000 m² d’entrepôt ».
Quels moyens mis en œuvre ?
Les actions mises en place pour parvenir à un bâtiment sobre énergétiquement touchent à la construction comme à son exploitation. Et ces démarches se révèlent d’autant plus complexes dans le cadre de reprise d’une friche : « Pour la rénovation d’un bâtiment des années 1960, il faut réaliser tous les diagnostics et dépolluer le site. C’est ce que nous faisons à Béthune (62) sur l’usine de Bridgestone que nous souhaitons voir devenir notre vitrine en termes de politique environnementale », indique Dominique Chastagnol. L’objectif ici n’est absolument pas de raser le bâtiment et d’en reconstruire un neuf, ce qui serait extrêmement consommateur en termes de CO2, mais bien de réhabiliter le site. « Que nos bâtiments soient certifiés ou pas, nos règles de base concernent notamment la gestion de l’énergie, avec la quasi-totalité de nos plateformes passées sur la technologie Led tandis que nos nouveaux bâtiments seront dotés d’un éclairage intelligent ne s’allumant que lorsqu’il détecte un mouvement sur des zones de 200 à 300 m². Cette question de l’éclairage peut paraître minime, mais elle est en réalité très importante car fortement énergivore », décrit-elle.
Outre un travail sur la gestion du chauffage, sur l’eau mais aussi sur la valorisation des déchets à l’intérieur du bâtiment, Log’s va également travailler, dès la conception de la plateforme, à son isolation et au type de matériaux utilisés ainsi qu’à leur degré de pollution : « Nous sommes par exemple en train de transformer la manière dont nous bâtissons nos parkings, réalisés auparavant avec du bitume poreux afin de laisser couler l’eau. Nous considérons aujourd’hui qu’il est plus pertinent de mettre en place un système de dalles. Sur un site de 20 ou 30 hectares, cette démarche revêt une grande importance car cela évite à l’eau de ruisseler, de se charger en pollution et d’être rejetée ». L’extérieur du bâtiment sera aussi matière à verdissement : « Nous avons comme objectif d’installer plusieurs dizaines des milliers de panneaux photovoltaïques sur nos bâtiments, les toitures et les façades représentent des centaines de milliers de mètres carrés disponibles »., décrit Dominique Chastagnol.
Construire un écosystème
Des efforts qui s’égrènent jusqu’à l’entourage immédiat de l’entrepôt, avec une attention portée à l’écosystème alentour et à l’intégration du bâti dans l’environnement. Log’s a par exemple mis en place des espaces protégés où ont été plantées certaines essences à côté de certains de ses sites logistiques : à Wattrelos (59), cinq hectares ont ainsi été libérés pour créer une réserve naturelle avec des terres humides autour. L’attention portée à la biodiversité, à la plantation d’espèces floristiques ou encore à l’intégration de prairies, rentrent dans cette démarche : « Quand des goëlands investissent une toiture et que des rapaces réussissent à nicher à côté du site, la nature se régulant d’elle-même, c’est beau !». Des zones d’éco-pâturage ont également été déployées sur certaines plateformes du spécialiste de la logistique : « Cela peut paraître tout simple mais cela apporte énormément de bien-être à nos salariés, lors de leur pause du midi, lorsqu’ils sortent et voient les animaux ». Car plus largement, le bien-être des collaborateurs fait également partie des démarches mises en place par les entreprises dans le cadre de leur politique RSE. « La sécurité et la qualité de vie au travail rentrent en partie dans la certification Breeam et quand nous travaillons sur un bâtiment, par notre expérience d’exploitant, nous savons ce qui va permettre de faciliter la vie sur les sites », stipule Dominique Chastagnol.
Et pour parvenir à cet ensemble de ces mesures, la collaboration avec d’autres parties prenantes est de mise. Chez Log’s, bâtir ces écosystèmes se fait avec l’appui de la Dreal et des autorités : « Nous travaillons également avec l’agence de l’eau et, sur certains sites, avec des associations de préservation de l’environnement local », termine Dominique Chastagnol.
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