Rencontre avec Hervé Dechene, spécialiste en Open Innovation et Management entrepreneurial. Il est le Vice-Président Stratégie de SprintProject, la cellule d’innovation ouverte mutualisée d’acteurs majeurs de la Supply Chain. SprintProject détecte et analyse les signaux faibles, les tendances et les innovations des startups internationales de la Supply Chain susceptibles de faire pivoter la filière. SprintProject facilite également le codéveloppement des startups à fort potentiel avec ses clients, pour permettre une coopération plus rapide et équilibrée.
Qu’est-ce que l’Open Innovation ?
On appelle open innovation ou l’innovation ouverte en Français, l’innovation qui est développée non pas exclusivement en interne par les entreprises, mais en codéveloppement ou en collaboration avec des structures externes (laboratoires de recherche, fournisseurs, clients, startups, etc…).
Jusque dans les années 2000, l’innovation était une mission exclusivement développée en interne dans les sociétés. On y trouvait des cellules d’innovation ou des départements d’innovation, dirigés par des Direction d’innovation. L’innovation était alors une affaire de spécialistes, d’experts dans les entreprises et le sujet leur était entièrement dédié. Dans le meilleur des cas, certaines entreprises, soucieuse de s’ouvrir aux idées nouvelles se tournaient vers des laboratoires de recherches et essayaient de « capter » les innovations en réalisant quelques projets de co-constructions avec eux, mais ces ouvertures étaient assez rares à l’époque. Force est de constater que l’innovation était considérée comme un sujet « trop sérieux » et trop stratégique pour que les entreprises décident d’externaliser.
A partir des années 2000, le contexte de l’innovation change. Avec l’avènement d’internet et la digitalisation, le savoir, les technologies et les marchés deviennent accessibles à tous et partout dans le monde.
L’innovation se démocratise, fourmille et les « experts en interne » s’aperçoivent que leur vision et les projets développés en interne ne permettent plus de garantir aux grandes entreprises leur suprématie. Elles ont besoin de se réinventer, d’aller plus vite et donc d’aller chercher des idées à l’extérieur. On commence alors à parler d’Innovation Ouverte.
L’Open Innovation s’est développée selon trois grands axes :
Dans un premier temps, les entreprises se sont tournées vers leurs fournisseurs historiques afin de les aider à innover : « Quelles sont vos innovations ? Comment pouvez-vous nous permettre d’intégrer vos innovations dans nos solutions ? Que pouvez-vous nous transmettre ? »
Dans un second temps, les entreprises se sont tournées vers leurs salariés. Chaque salarié a alors la possibilité de faire remonter des idées, des suggestions pour accomplir plus efficacement sa mission, voire faire évoluer l’entreprise. L’innovation n’est alors plus qu’un sujet d’experts, mais fait désormais partie intégrante de la vie de l’entreprise. On parle alors d’innovation participative.
Puis, vers 2010, les sociétés commencent à regarder des PME (Petites et Moyennes Entreprises) et des PMI (Petites et Moyennes Industries) situées à l’extérieur de leur propre secteur pour s’inspirer des tendances et « importer », transférer ces innovations externes dans leurs propres écosystèmes.
En France, ce n’est vraiment qu’à partir de 2014, sous l’impulsion du gouvernement et du mouvement French Tech que les entreprises commencent à s’intéresser réellement à l’Innovation Ouverte sous l’angle des startups.
En d’autres termes, l’Open Innovation se définit par l’action d’une société à aller chercher à l’extérieur l’innovation qu’elle ne possède pas en interne.
La définition de l’Open Innovation chez SprintProject se caractérise par l’action : d’aller chercher dans les startups, l’innovation qu’une société ne possède pas, ou n’arrive pas à développer assez rapidement en interne.
Pourquoi les startups ? les startups sont de nouveaux acteurs économiques émergents avec des comportements très spécifiques. A l’opposé d’une PME, d’une PMI ou d’un fournisseur, la détection et la bonne compréhension des caractéristiques d’une startup et de ses fondateurs rend le développement des projets d’Open Innovation plus complexe et nécessite des compétences particulières.
L’Open Innovation, quels enjeux pour la Supply Chain ?
L’enjeux de l’Open Innovation pour la Supply Chain est purement contextuel. Aujourd’hui, tout grand acteur de la Supply Chain est attaqué de toute part sur ses marchés par des startups, plus rapides, plus agiles et plus avancées technologiquement.
Face à cette myriade et ce foisonnement de petits acteurs, les grands groupes n’ont pas d’autres choix s’ils souhaitent survivre que de rester en veille sur ces innovations et, dans certains cas, de travailler avec ces nouveaux interlocuteurs pour développer de nouvelles solutions.
Quelles sont les innovations de demain ? Comment intégrer ces innovations pour devenir plus agile ?
SprintProject et l’Open Innovation mutualisée
Dans ce contexte d’innovation foisonnant, SprintProject a mis en lumière cinq constats propice à l’Open Innovation mutualisée :
1 – Tous les acteurs de la Supply Chain – acteurs industriels, livraison, logistique, jusqu’au consommateur final –, font face à trois grands compétiteurs mondiaux avec des moyens considérables : Amazon, Alibaba et JD.com. qui ont tous pour stratégie d’intégrer la totalité des métiers de la chaine de valeur. Alors qu’Amazon alloue chaque année 24 milliards de dollars en Recherche et Développement, force est de constater qu’aucun acteur « historique » ou leader du secteur n’est en capacité de l’égaler. Les acteurs de la Supply Chain se doivent d’évoluer, vite et bien s’ils veulent survivre à cette hégémonie.
2 – La Supply Chain regroupe des métiers à marge faible. Les grands acteurs du secteur n’ont pas la capacité financière pour développer et financer de l’innovation. Seuls, ils n’ont pas la capacité pour détecter, caractériser, suivre et mener des projets de codeveloppement avec les startups.
3 – La Supply Chain se caractérise par des métiers du quotidien, de l’opérationnel. Tous les jours, les entreprises reçoivent et envoient des marchandises. Ces métiers ne sont pas formés pour se projeter vers l’avenir et analyser ce qui bouleversera le secteur demain.
4 – Le monde qui nous entoure subit de profonds bouleversements. Jusqu’à aujourd’hui et comme beaucoup d’autres économies, la filière Supply Chain a vécu dans un environnement fermé, en silo. Mais, force est de constater que face à l’arrivée de la technologie, la filière se doit d’aller toujours plus vite, toujours plus fort. L’émergence du monde « Smart » en est l’un des effets. Le « Smart » permet la création d’interactions entre les différents écosystèmes. Parlons Smart City, Smart Building, Smart Vehicule, Smart Energy et Smart Supply. La Smart Supply est une Supply Chain connectée qui permettra demain, une meilleure efficacité de la chaine de valeur. Imaginez donc des bâtiments connectés, des connexions avec les entreprises de transport et une meilleure communication avec les villes pour optimiser les approvisionnements. A ce titre, le monde « Smart » permettra d’optimiser les déplacements pour répondre aux exigences des acteurs, consommateurs et conso-acteurs de demain.
5 – Faire de l’Open Innovation – détecter, caractériser, suivre les startups, analyser le meilleur moment pour travailler avec elles, mener les projets de codeveloppement – exige des compétences rares et a un coût important. A titre d’exemple, une Cellule d’Innovation Ouverte interne coûte entre 500 k€ et 1 M€ par an. Un cout souvent trop important à assumer seul pour les entreprises de la Supply Chain.
Face à ces constats, SprintProject a créé un programme de codéveloppement appelé « Hyperdrive » dans lequel plusieurs grands groupes travaillent ensembles sur des projets de collaboration avec des startups. En mutualisant les efforts et les coûts, les grands groupes peuvent ainsi travailler sur des projets d’innovation avec des startups, faire innover le secteur et veiller les innovations à venir.
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