La naissance d’un Lab
En 2014, GSE a pris la décision de devancer un peu la révolution numérique qui est arrivée dans le secteur du bâtiment : le BIM (Building Information Modeling). Cette digitalisation de la conception des bâtiments a ouvert la voie à d’immenses opportunités dans tout le monde de la construction. C’est pourquoi nous avons décidé d’accélérer notre innovation en créant le Lab GSE en 2016. Mais qu’est-ce qu’un lab ? C’est la question que je me suis posée lorsque notre agence de communication a eu cette idée… La définition que j’ai retenue dans ma recherche internet, c’est « un dispositif permettant de créer à plusieurs un grand nombre d’innovations faciles à expérimenter par les usagers ». Mais la rencontre du numérique et du secteur du bâtiment, c’est un peu le lièvre et la tortue : alors qu’une innovation dans le bâtiment prend souvent plus de 10 ans avant de sortir, les outils numériques se réinventent chaque année. Et en restant sur ma définition du lab, j’avais un problème de taille : comment créer un grand nombre d’innovations dans ce secteur aussi peu enclin au changement et à l’innovation et avec un budget de R&D qui, traditionnellement dans ce secteur, ne dépasse pas 1% du chiffre d’affaire. La réponse a été assez rapide à trouver, je pouvais probablement expérimenter beaucoup d’innovations sur les 70 chantiers que nous avons annuellement mais certainement pas les inventer toutes !
Pourquoi l’Open Innovation est efficace ?
En fait, cette réponse, je l’ai surtout apprise d’une expérience peu concluante : en 2016, nous avons développé un outil maison de réalité virtuelle temps réel pour permettre à nos clients de s’immerger dans leur futur bâtiment et de configurer leur espace de façon simple et ludique. Après 1 an de développement (au lieu des 6 mois prévus) et plus de 100k€ d’investissement, nous tenions enfin notre outil de réalité virtuelle…quand nous avons découvert une start-up qui proposait un outil assez similaire au nôtre pour une licence de 1000€/an. Evidemment notre solution sur mesure était meilleure au début (car parfaitement adaptée à nos besoins…) mais après quelques mois d’utilisation, nous avons vu une amélioration de la solution de la start-up très rapide alors que notre outil restait à son état d’origine. Il n’a pas fallu 6 mois supplémentaires pour ranger définitivement notre développement dans les cartons. Nous utilisons en 2020 la version 2.6 de cette même start-up et je ne cesse d’être impressionné par la rapidité des évolutions !
L’expérience de l’Open Innovation
En 2016, après 2 ans de mise en place du BIM, nous avions donc déjà digitalisé une partie de notre conception et de nos plans. C’est à partir de cette matière digitale que nous avons réalisé que nous avions désormais un grand nombre de besoins et d’opportunités de développement comme par exemple : comment automatiser certaines tâches de modélisation ou de calcul, comment apporter notre « matière digitale » sur nos chantiers, comment apporter cette expérience digitale à nos clients ? A travers les salons, les réseaux sociaux, les échanges professionnels, nous avons rencontré un certain nombre de start up qui proposaient des solutions intéressantes dans ces domaines et nous avons démarré les fameux POC (Proof of concept). J’ai alors appris qu’un POC, ça voulait dire pour nous, acheter une solution qui ne fonctionne pas encore et aider à la développer.
Nous avons ainsi testé pas mal de solutions digitales sur nos chantiers en 2017. Très peu étaient matures mais ces tests réalisés par les équipes du lab nous ont permis 2 choses importantes :
- Inculquer en interne et Communiquer en externe sur la culture d’innovation de GSE
- Nous faire une vraie expertise de l’état de l’art en matière d’outils digitaux pour la construction.
Trouver sa place dans l’Open Innovation
A partir de 2018 et après quelques POC plus ou moins fructueux, je me suis rendu compte que tester toutes les solutions que je découvrais, ça prenait de plus en plus de temps et coûtait de l’argent. Même si le Lab de GSE comptait déjà une vingtaine de personne, c’est en réalité un Lab de plus en plus opérationnel qui s’est créé car, une fois les solutions matures identifiées et testées, leur utilisation sur les projets nécessite souvent l’intervention des experts du Lab. Ce sont par exemple ces experts qui, aujourd’hui, capturent par photogrammétrie le bâtiment pour s’assurer de livrer des modèles tels que construits ou encore qui calculent l’empreinte carbone de nos bâtiments à partir de la liste des matériaux de la maquette numérique.
Pour continuer à rechercher la meilleure innovation avec moins d’efforts, nous nous sommes alors tournés vers des structures d’open innovation : start-up studios, incubateurs, accélérateurs… En tant que grosse PME ou ETI, nous n’avions pas les moyens de créer notre propre accélérateur et nous avons choisi d’adhérer à quelques structures bien spécialisées. Nous avons ciblé différentes maturités de start-ups en intégrant par exemple un start-up studio de la construction (l’objectif étant de créer des start-ups à partir de problématiques communes rencontrées sur nos chantier et sans solution identifiée). Nous avons également adhéré à des incubateurs/accélérateurs sur des thématiques bien précises (Sprint Project en fait partie…). Cette solution d’open innovation nous permet d’avoir une vue globale et à jour des innovations (au moins en France). Elle nous permet de mieux identifier les solutions innovantes ainsi que leur maturité pour lancer les tests opérationnels avec les bons partenaires et au bon moment. Elles permettent parfois aussi de mutualiser le coût de certains tests. Enfin, elles nous permettent de donner ce qui, bien plus que l’argent, a désormais de la valeur pour les start-ups : notre retour d’expérience terrain sur leurs solutions et l’accès à de nouveaux clients ou marchés
Consulter tous les articles « Avis d’expert » sur le blog de SprintProject