Logistique e-commerce : pourquoi rien ne va plus ?

Avis d'expert

Augustin Gueldry
Publié le :
Mis à jour le :

On peut faire aujourd’hui un parallèle entre la logistique e-commerce et le e-commerce lui-même. Dans les deux cas, il y a eu une phase de développement (e-logisticien & pure-players), de consolidation entre spécialistes puis de rachat par des grands acteurs historiques de la logistique et du retail.

On approche ainsi progressivement du modèle omnicanal annoncé depuis des années : le logisticien gère simultanément pour son client des flux destinés à plusieurs canaux de vente dont celui du e-commerce.

L’enseigne de son côté vend souvent en boutique et dispose d’un canal e-commerce complémentaire en propre  ou sur une marketplace.

Pourtant, dans les 2 cas, une grande part du modèle reste à préciser car même si le client a adopté en quelques années l’omnicanalité pour des raisons pratiques, le modèle économique est encore très fragile.

La combinaison promise d’une livraison « gratuite »  au détail, souvent à domicile, dans un délai court ou sur des plages horaires variées (rdv, samedi, soirée etc…) rend le modèle très couteux et impacte aussi fortement la logistique en entrepôt.

L’argument marketing martelé de la gratuité de la livraison a donné l’habitude au client de ne pas intégrer dans sa prise de décision d’achat le coût opérationnel de traitement de cette commande. Finalement il ne se pose pas la question sous la forme suivante : par quel canal vais-je prendre possession de mon produit ? en boutique, en point relais, en consigne, à mon domicile, en soirée etc… ? Mais il se dit plus simplement qu’est ce qui est le plus pratique pour moi sans que cela me coute trop en € ?

Ainsi selon la politique tarifaire des frais de livraison décidée par l’enseigne, le client arbitre et n’hésite pas à abandonner son panier s’il n’est pas satisfait de la proposition. Evidemment il ne prend pas en compte l’impact réel de sa décision sur la logistique avec un coût de traitement de sa commande qui varie très fortement.

De leur côté, combien d’enseignes gagnent aujourd’hui de l’argent avec leur e-commerce ? La question reste souvent taboue car au regard de la croissance de ce canal de vente, il devient de plus en plus difficile de faire l’impasse pour une enseigne. Les grandes difficultés financières de nombreuses enseignes des 2 côtés de l’Atlantique (disparition par dépôt de bilan ou rachat pour un sauvetage en urgence) matérialisent le dilemme entre une forte baisse des ventes en boutique et un canal e-commerce trop faible ou pas rentable.  Pour avoir un ordre de grandeur, on estime à plus de 250 enseignes passées en banqueroutes entre 2010 et 2017 aux U.S.A et à plus de 8.000 le nombre de fermetures de points de vente rien qu’en 2017 !

La question aujourd’hui pour la logistique e-commerce n’est donc pas de savoir si elle saura répondre techniquement et opérationnellement aux nouvelles attentes des consommateurs mais de savoir quelle place aura la logistique du e-commerce en dehors des très grands marchands ou place de marché  européens ou mondiaux ?


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