Par Marie-Xavière Wauquiez, responsable du Rolling Lab de Paris&Co
2018 : le soleil brille de tous ses rayons sur la planète startup. Chaque jour, des levées de fonds de plusieurs millions, voire dizaines de millions d’euros, sont annoncées. En France, la troisième édition du salon Vivatech a été un franc succès et le Ministre Mounir Mahjoubi a profité de l’évènement pour annoncer une centaine de mesures favorisant l’innovation. Dans un écosystème en pleine ébullition, il est légitime de se demander si les startups ont encore besoin d’incubateurs.
Historiquement, les incubateurs permettaient aux startups de pouvoir accéder à des locaux sans passer par de coûteux et contraignants baux immobiliers. S’ajoutaient à cette prestation purement opérationnelle des accompagnements plus ou moins développés en fonction des structures. A l’heure où les espaces de coworking prolifèrent dans toutes les grandes métropoles régionales, l’offre immobilière n’est plus la principale raison d’être des incubateurs. Par ailleurs, là où le jeune entrepreneur était une denrée rare il y a encore une quinzaine d’années, toutes les formations supérieures proposent aujourd’hui des masters entreprenariats dont sortent par dizaines jeunes gens et jeunes femmes prêts à en découdre avec les entreprises historiques et autres membres du CAC 40.
Au Rolling Lab, l’incubateur dédié à la logistique de Paris&Co, nous sommes convaincues que les incubateurs gardent toutes leurs raisons d’être. En effet, ceux-ci font leur transformation en même temps que le monde économique et s’adaptent à l’évolution de leurs écosystèmes. En quelques années, les grands groupes ont compris que les startups n’étaient pas toujours des concurrents mais qu’elles pouvaient apporter des solutions complètement nouvelles à des problèmes récurrents. Ces structures jeunes et agiles peuvent aussi les faire gagner en souplesse et contribuer à secouer des structures ralenties par leur taille.
Incubateur consacré à tout ce qui est mobile sur un territoire, le Rolling Lab sélectionne les startups en partenariat avec des grands comptes qui sont la référence dans leur secteur d’activité.
- Mises au contact directement de leurs clients potentiels, les startups peuvent confronter très rapidement leur proposition de valeur aux besoins de leurs utilisateurs et ajuster leurs offres et leurs services.
- Rassemblées sur un seul et même lieu, les startups peuvent également échanger entre pairs pour gagner du temps et aller plus vite vers les bonnes solutions de développement.
- En suivant plusieurs startups à la fois, les équipes des incubateurs développent des expertises sur leur secteur d’activité et peuvent en tirer des enseignements qu’elles seront amenées à partager avec les nouvelles startups.
L’exemple de la logistique est particulièrement intéressant car c’est un secteur aux spécificités majeures : Le secteur de la logistique et du transport est déjà très efficace. C’est quand des évènements climatiques majeurs (cf. l’épisode neigeux en Ile-de-France de février 2018) que tout un chacun réalise que les activités logistiques sont indispensables à la bonne marche d’un territoire.
Activité très opérationnelle, les marges des acteurs économiques y sont peu importantes et toucher à ce système si bien réglé ne peut se faire qu’avec une certaine prudence. De fait, les early adopters sont loin de représenter la majorité des acteurs ! Par ailleurs, les cycles de vente sont lents, ce qui ne diffère en rien des autres secteurs d’activité, mais – cerise sur le gâteau – ils sont également impactés par la forte saisonnalité des activités logistiques. L’exemple du e-commerce est flagrant : alors que ce secteur est en plein développement avec des croissances supérieures à deux chiffres chaque année, les porteurs de solutions innovantes disposent d’un laps de temps très court entre la trêve estivale et les fêtes de fin d’année pour implémenter leurs solutions innovantes.
Partant de ces différents constats, les incubateurs apparaissent comme des acteurs indispensables pour mettre de l’huile dans les rouages du système d’innovation. Maillon de liaison, voire de traduction, entre les start-ups – pressées par nature de tester leurs produits et services – et les grands comptes – à qui les règles du business demandent d’avancer avec prudence, le Rolling Lab favorise le nécessaire dialogue entre des acteurs assez éloignés culturellement les uns des autres. Par ailleurs, organisation tierce, ni patronale ni syndicale, les incubateurs peuvent mettre en lumière un secteur d’activité et secouer d’une manière originale et bienveillante les systèmes en place pour imaginer de nouvelles collaborations.
Conclusion : Oui, en 2018, les incubateurs sont toujours nécessaires. Il leur faut simplement se réinventer continuellement pour apporter aux entreprises, petites ou grandes, conseils avisés et contacts pertinents pour les accompagner dans leurs transformations permanentes.
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